Charles De Coster

(20 août 1827, Munich-7 mai 1879, Ixelles [Belgique])


Écrivain libre-penseur français.




Écrivain belge d’expression française, auteur de la Légende d’Ulenspiegel, roman fondateur des lettres françaises de Belgique.

Fils d’une mère wallonne et d’un père flamand, domestiques du nonce apostolique de Bavière, Charles De Coster exerce pendant six ans les fonctions d’employé de banque avant de s’inscrire en 1850 à l’Université Libre de Bruxelles. C’est ainsi qu’il va être profondément marqué par l’enseignement de Jean-Jacques Altmeyer, franc-maçon radical, ou encore par celui d’Eugène Van Bemmel, le futur auteur de Dom Placide (1875).

Le jeune homme n’a pourtant pas attendu d’entrer à l’université pour caresser des ambitions littéraires. Dès 1847, il participe à la fondation de la Société des Joyeux dont le journal manuscrit recueille ses premières œuvres. Il faut cependant attendre 1856 pour le voir s’imposer, aux côtés du peintre Félicien Rops, comme le principal animateur de l’Uylenspiegel, «journal des ébats artistiques et littéraires».

De Coster publie alors plusieurs contes, repris par la suite dans Les Légendes flamandes (Paris, Lévy, 1858), qui témoignent tous d’un goût assez net pour le merveilleux médiéval et le fantastique romantique. On y découvre, dans une langue truffée d’archaïsmes, des histoires d’antan, naïves ou truculentes, et régulièrement ponctuées d’apparitions édifiantes ou effroyables. Le meilleur texte du recueil est assurément «Sire Halewyn», qui emprunte son héros égorgeur de vierges à une ballade flamande du xive siècle. Cette forte présence de l’imaginaire se retrouve dans la Légende d’Ulenspiegel (Bruxelles, Lacroix et Verboeckhoven, 1867). L’ouvrage, qui célèbre la Révolution des Pays-Bas dans cette langue pseudo-rabelaisienne chère à l’auteur, conduit certes le plus souvent ses héros libres-penseurs à démasquer nombre de faux diables et de prétendus loups-garous. Mais c’est pour accorder une place prépondérante à des visions magiques ou hallucinées, dominées par l’écrasante figure de Lucifer, image prométhéenne du Libérateur du peuple.


À lire aussi. Les Contes brabançons (1861), Bruxelles, Labor, «Archives du futur», 1997.


Études. Jean-Marie Klinkenberg, Charles de Coster, Bruxelles, Labor, «Un livre une œuvre», 1985. Anna Soncini Fratta dir., La Légende de Thyl Ulenspiegel, Bologne, C.L.U.E.B., 1991. Raymond Trousson, Charles De Coster ou La vie est un songe, Bruxelles, Labor, «Archives du futur», 1990.